A Poetic interlude with René Char

Le Marteau sans maître (1934)

Commune présence

Tu es pressé d’écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S’il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir,
Celle qui t’est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d’elle, tout n’est qu’agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t’inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.

Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.

A poetic interlude with EE Cummings

up into the silence the green
silence with a white earth in it
you will(kiss me)go
out into the morning the young
morning with a warm world in it
(kiss me)you will go
on into the sunlight the fine
sunlight with a firm day in it
you will go(kiss me
down into your memory and
a memory and memory
i)kiss me(will go)

Continue reading “A poetic interlude with EE Cummings”

Un interlude poétique avec Louis Aragon

La Rose et le Réséda (merci Princesse de Clèves)

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l’échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Qu’importe comment s’appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l’un fut de la chapelle
Et l’autre s’y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Continue reading “Un interlude poétique avec Louis Aragon”

Je parle de toi: Une interlude avec Edmond Jabès

Je parle de toi
non de ma lampe d’ombre
de mon pas de lévrier
le vent dans le talon de l’or
le vent dehors dedans
l’on ne s’entend plus

Je parle de toi
Une foule répond
Des fourmis sans voix sans cris
Et pourtant
le silence tue comme la mort
le silence règne seul à naître

Je parle de toi
et tu n’es pas n’as jamais existé
Tu réponds à mes questions
L’araignée se heurte à l’haleine des monstres
à l’aiguille des robes pressées d’en finir
Le taureau incendie l’arène
où le roi mendie son royaume
Tache de sang socle de douleur

La plus haute ce n’est pas toi
Tous les fils de tes prunelles
noués au soleil
Le monde se dépouille
et la face de l’homme hurle au centre
rien que toi colonne de cendre aux bracelet de jade
et le turban des îles inconnues qui te coiffe

Je parle de toi
de tes seins à l’avant-garde des prairies
de l’eau claire de tes seins endormis
et des rives qu’elle noie

Je parle
du miroir de tes yeux secrets
toutes les sentinelles du désespoir
toutes les vrilles du versant embaumé
La rue se vide la ruée s’abîme

Je parle de qui je ne connais pas
de qui je ne connaîtrai jamais que les mots
pour toi poupées défigurées

Ici personne
Ibis du songe mort-né
papillon arraché au lierre

Personne
que le cuivre battu des ailes

Personne
que le givre du métal des peines

Personne
que l’empire des spectres inavoués
ombrelle de salive pour crapauds

Personne
que la nuit prisonnière se lamentant
sans cesse et crachant des loups

Personne
Et tu émerges doucement sûrement
comme le rocher aux cheveux de laine
comme l’oiseau au bec de plume
et la mer te lave

Personne
Je parle pour ta peau salée
pour le sommeil de ta peau brune
nuit dans la nuit
pour ta peau tatouée à l’infini

Personne
Rien qu’une planche de chair ivre
de sa frigidité que les vagues emportent
qui de nuque en nuque d’eau rude
voyage dans la mort

Personne
Rien que celle que tu rencontres
au passage et salues indifféremment

Je parle
pour les grappes d’yeux verts
collés aux fenêtres
pour la colline de poussière
que le vent pille

Personne
alentour
Rien qu’un nom
que le besoin contenu de te donner un nom
de vigne ou de lave

Rien que le croissant brûlant de quelques lettres
au dessus du monde

Du sang sur nos mains calleuses
du sang sur l’épaule du hibou
du sang sur les joues rondes du printemps
Rien
que l’harmonie du sang sur nos lèvres jointes

Je parle sans raison
dans les couloirs des maisons
hantées des cygnes
sur la terrasse harassée des palais
debout contre le temps

Cavaliers à l’antique broche d’épaves
sur vos monture de poudre sonore
Le cœur y est il bat fermement
dans l’aimée qui approche
Cavaliers des régions basses
déchirant d’un bond l’espace

Rien
que le jour aux raies d’orageuses semailles

Rien
que l’attrait du jour sur une ombre ensevelie

Rien
que ton sourire serpent de paille
que ton nom d’emprunt velours des cités

Au murmure
des lointaines cataractes
A l’appel pressant
des lys ensorcelés
poissons des toisons glauques

Rien
que la chute des meutes engendrées

Rien
que la chute du feu
sur une graine de cristal
La rose de fer frétille
dans le délire consumé
après nous après toi

Lucarnes c’est que l’on se connaît mal ou pas
La main nue est à l’épreuve
tendue comme pour se rendre
Le paysage est sans pudeur

Je parle
pour les premières cerises hagardes
pour les gares de cerfeuils au bout des naufrages
pour les images de plomb des danseuses fendues en deux

Je parle
pour l’orée des rames lourdes dans le corps

O je t’aime
fille de fontaine démente
sœur d’eau éclaboussée
ma soif nage sur mes veines
cruelle à force d’être à tes trousses
fidèle soif de forçat

Je parle pour le ruisseau au front de pierre
pour le cratère pour le hâle des monts
pour l’envie au costume de paon
pour ne plus te perdre mon amour

Je parle pour le plateau des oriflammes
pour la critique aux naseaux de brousse
tous les coquillages et tout le sable des nacelles
pour ne plus te perdre mon amour

Je parle pour l’églantine des pluies
pour le paratonnerre des saules
pour les pleurs des émigrées battues
pour ne plus te perdre mon amour

Je parle pour l’esplanade des ruches
pour le dortoir encombré d’aigles
pour la nappe de servitude grise
pour ne plus te perdre mon amour

pour ne plus te quitter mon amour
je parle je parle je parle pour la mouche
pour l’écorce des pins pour l’ardoise des algues
pour le vent dans la mer mon amour

pour le sel dans les narines mon amour
pour la tomate pour la boue filandreuse des mages
pour la girouette aux gaietés d’écharpe pour une page
blanche pour la durée du geste pour rien mon amour

Rien
que pour te distraire

Rien
que pour te plaire

Rien
que pour te clouer vive
à mes côtés

Rien que pour peupler ton souvenir
A cause de l’ombre qui monte de la terre
A cause du ciel qui se désespère
A cause de mon cœur mon amour
A cause de mes bras à cause de ma bouche

Rien
qu’une fois

Rien
qu’une seconde

A cause du vent
qui te hante

A cause du sang
qui t’agite

A cause du temps
qui te presse

O patiente attends
Le jour est à portée de nos doigts le soleil mord
A cause de mon amour à cause
du filet aveuglant de mon amour
jeté ce soir sur le monde

Extraits du livre des questions: A poetic interlude with Edmond Jabes

Je dois perdre l’habitude d’exercer ma pensée.
Un jour, je retrouverai ma plume, ma voix.
Saurai-je m’en servir?
La page blanche est page de patience.

Ombre gigantesque.
Ombre des ombres répandues sur le monde.
La nuit est une phalène dans la nuit des lampes.

Mes ancêtres m’ont rendu visite.
Je n’ai, avec eux, de commun
que la parole préservée dans les plis de la parole.

Chanson du dernier enfant juif: A poetic interlude with Edmond Jabes (some time between 1943-1945)

Mon père est pendu à l’étoile,
ma mère glisse avec le fleuve,
ma mère luit
mon père est sourd,
dans la nuit qui me renie,
dans le jour qui me détruit.
La pierre est légère.
Le pain ressemble à l’oiseau
et je le regarde voler.
Le sang est sur mes joues.
Mes dents cherchent une bouche moins vide
dans la terre ou dans l’eau,
dans le feu.
Le monde est rouge.
Toutes les grilles sont des lances.
Les cavaliers morts galopent toujours
dans mon sommeil et dans mes yeux.
Sur le corps ravagé du jardin perdu
fleurit une rose, fleurit une main
de rose que je ne serrerai plus.
Les cavaliers de la mort m’emportent.
Je suis né pour les aimer.

Song of the last Jewish child

My father hangs from the star,
my mother slides with the river,
my mother shines
my father is deaf,
in the night that denies me,
in the day that destroys me.
Stone is light
Bread resembles the bird
and I see him fly.
Blood is on my cheeks.
My teeth look for a less empty mouth
in the earth or in the water,
in the fire.
The world is red
All grids are lances.
Dead riders always gallop
in my sleep and in my eyes.
In the ravaged body of the lost garden
blooms a rose, blooms a hand
of rose that I will never squeeze again.
The riders of death take me.
I was born to love them.

(my translation)

The Written: A poetic interlude with Ali Bin Abi Taleb

ايها الكاتبُ ما تكْتبُ مكتوبٌ عليكَ

فاجعل المكتوبَ خيراً فهو مردودٌ إليك

الامام علي بن أبي طالب

Oh writer what you write is written upon you

So make the written a virtue as it is returned to you

Al Imam Ali Bin Abi Taleb (my translation)

Extraits du livre des questions

“Je ne t’ai pas cherchée Sarah. Je te cherchais. Par toi, je remonte à l’origine du signe, à l’écriture non formulée qu’esquisse le vent sur le sable et sur la mer, à l’écriture sauvage de l’oiseau et du poisson espiègle. Dieu, Maître du vent, Maître du sable, Maître des oiseaux et des poissons, attendait de l’homme le livre que l’homme attendait de l’homme; l’un pour être enfin Dieu, l’autre pour être enfin l’homme…”

“Toutes les lettres forment l’absence. Ainsi Dieu est l’enfant de son nom.”

Edmond Jabès, Le livre des questions, Gallimard, 1963

العرفان

اذا اتسعت الرؤيا ضاقت العبارة

عبد الجبار النفري (ت354ه/965م)

If sight widens, expression shrinks
Abd el Jabar el nafari (965AC)

Un interlude avec Henri Michaux

Descends, oui, descends en toi, vers cet immense rayonnage de besoins sans grandeurs. Il le faut. Après tu pourras, tu devras remonter.

Henri Michaux, Pôteaux d’angles

Poésies sur ce blog:

Abul Hassan al Shushtari 1
Billy Collins, 1
Mahmoud Darwish, 1
Ounsi El Hage, 1
Mohammad Hussein Fadlallah, 1
Ghérasim Luca, 1, 2
Henri Michaux, 1, 2
Marianne Moore, 1
Pablo Neruda, 1, 2
Sharon Olds, 1
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4, 5
Dylan Thomas, 1
Richard Wilbur, 1, 2, 3, 4

فصل شعري مع أبو الحسن الششتري ،المتوفى سنة 668 هجريةِ

سُلُوِّي مكروهٌ وحبُّك واجبُ

وشوقي مقيمٌ والتواصل غائب

وفي لوح قلبي من ودادك أسطرٌ

ودمعي مدادٌ مثلما الحسنُ كاتب

وقارىء فكري للمحاسن تالياً

على درس آيات الجمال يواظب

أُنزِّه طرفي في سماء جمالكم

لثقاب ذهني نجمها هو ثاقب

حديثٌ سواك السمعُ مِنِّي محرمٌ

فكلي مسلوبٌ وحسنك سالب

يقولون لي تُبْ عن هوى مَنْ تحبه

فقلت عن السلوان إني تائب

عذاب الهوى عذبٌ لدى كل عاشقٍ

وإن كان عند الغير صعبٌ وواصب

ما ورد سابقاً

Billy Collins, 1
Mahmoud Darwish, 1
Ounsi El Hage, 1
Ghérasim Luca, 1, 2
Henri Michaux, 1, 2
Marianne Moore, 1
Pablo Neruda, 1, 2
Sharon Olds, 1
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4, 5
Dylan Thomas, 1
Richard Wilbur, 1, 2, 3, 4

A poetic interlude: Passionnément

I strongly recommend that you listen to it read by the author.

**********

pas pas paspaspas pas
pasppas ppas pas paspas
le pas pas le faux pas le pas
paspaspas le pas le mau
le mauve le mauvais pas
paspas pas le pas le papa
le mauvais papa le mauve le pas
paspas passe paspaspasse
passe passe il passe il pas pas
il passe le pas du pas du pape
du pape sur le pape du pas du passe
passepasse passi le sur le
le pas le passi passi passi pissez sur
le pape sur papa sur le sur la sur
la pipe du papa du pape pissez en masse
passe passe passi passepassi la passe
la basse passi passepassi la
passio passiobasson le bas
le pas passion le basson et
et pas le basso do pas
paspas do passe passiopassion do
ne do ne domi ne passi ne dominez pas
ne dominez pas vos passions passives ne
ne domino vos passio vos vos
ssis vos passio ne dodo vos
vos dominos d’or
c’est domdommage do dodor
do pas pas ne domi
pas paspasse passio
vos pas ne do ne do ne dominez pas
vos passes passions vos pas vos
vos pas dévo dévorants ne do
ne dominez pas vos rats
pas vos rats
ne do dévorants ne do ne dominez pas
vos rats vos rations vos rats rations ne ne
ne dominez pas vos passions rations vos
ne dominez pas vos ne vos ne do do
minez minez vos nations ni mais do
minez ne do ne mi pas pas vos rats
vos passionnantes rations de rats de pas
pas passe passio minez pas
minez pas vos passions vos
vos rationnants ragoûts de rats dévo
dévorez-les dévo dédo do domi
dominez pas cet a cet avant-goût
de ragoût de pas de passe de
passi de pasigraphie gra phiphie
graphie phie de phie
phiphie phéna phénakiki
phénakisti coco
phénakisticope phiphie
phopho phiphie photo do do
dominez do photo mimez phiphie
photomicrographiez vos goûts
ces poux chorégraphiques phiphie
de vos dégoûts de vos dégâts pas
pas ça passio passion de ga
coco kistico ga les dégâts pas
le pas pas passiopas passion
passion passioné né né
il est né de la né
de la néga ga de la néga
de la négation passion gra cra
crachez cra crachez sur vos nations cra
de la neige il est il est né
passioné né il est né
à la nage à la rage il
est né à la né à la nécronage cra rage il
il est né de la né de la néga
néga ga cra crachez de la né
de la ga pas néga négation passion
passionné nez pasionném je
je t’ai je t’aime je
je je jet je t’ai jetez
je t’aime passionném t’aime
je t’aime je je jeu passion j’aime
passionné éé ém émer
émerger aimer je je j’aime
émer émerger é é pas
passi passi éééé ém
éme émersion passion
passionné é je
je t’ai je t’aime je t’aime
passe passio ô passio
passio ô ma gr
ma gra cra crachez sur les rations
ma grande ma gra ma té
ma té ma gra
ma grande ma té
ma terrible passion passionnée
je t’ai je terri terrible passio je
je je t’aime
je t’aime je t’ai je
t’aime aime aime je t’aime
passionné é aime je
t’aime passioném
je t’aime
passionnément aimante je
t’aime je t’aime passionnément
je t’ai je t’aime passionné né
je t’aime passionné
je t’aime passionnément je t’aime
je t’aime passio passionnément

Ghérasim Luca, 1973

Ludes, past:

Billy Collins, 1
Mahmoud Darwish, 1
Ounsi El Hage, 1
Ghérasim Luca, 1
Henri Michaux, 1, 2
Marianne Moore, 1
Pablo Neruda, 1, 2
Sharon Olds, 1
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4, 5
Dylan Thomas, 1
Richard Wilbur, 1, 2, 3, 4

فصل شعري: حالة حصار

نُخَزِّن أحزاننا في الجِرار، لئلاَّ

يراها الجنودُ فيحتفلوا بالحصار…

نُخَزِّنُها لمواسمَ أُخرى،

لذكرى،

لشيء يفاجئنا في الطريق.

فحين تصيرُ الحياةُ طبيعيَّةًّ

سوف نحزن كالآخرين لأشياءَ شخصيّةٍ

خبَّأتْها عناوينُ كبرى،

فلم نَنْتَبِهْ لنزيف الجروح الصغيرةِ فينا.

غداً حين يَشْفى المكانُ

نحِسُّ بأعراضِهِ الجانبيّةْ.


محمود درويش، يناير 2002، رام الله

فصول سابقة:

Billy Collins, 1
Ounsi El Hage, 1
Ghérasim Luca, 1
Henri Michaux, 1, 2
Marianne Moore, 1
Pablo Neruda, 1, 2
Sharon Olds, 1
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4, 5
Dylan Thomas, 1
Richard Wilbur, 1, 2, 3, 4

A poetic Interlude: Le verbe

Sous des dentelles soudées
au nom de l’Occident


la brûlante morsure des mots



oxyde…
…dent

Ghérasim Luca, 1973

Ludes, past:

Billy Collins, 1.
Ounsi El Hage, 1.
Henri Michaux, 1, 2.
Marianne Moore, 1.
Pablo Neruda, 1, 2.
Sharon Olds, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4, 5.
Dylan Thomas, 1.
Richard Wilbur, 1, 2, 3, 4.

Sonnet XVII: A Poetic Interlude

I do not love you as if you were salt-rose, or topaz,
or the arrow of carnations the fire shoots off.
I love you as certain dark things are to be loved,
in secret, between the shadow and the soul.

I love you as the plant that never blooms
but carries in itself the light of hidden flowers;
thanks to your love a certain solid fragrance,
risen from the earth, lives darkly in my body.

I love you without knowing how, or when, or from where.
I love you straightforwardly, without complexities or pride;
So I love you because I know no other way

than this: where I does not exist, nor you,
so close that your hand on my chest is my hand
so close that your eyes close as I fall asleep.

— Pablo Neruda

Ludes, past:

Billy Collins, 1.
Ounsi El Hage, 1.
Henri Michaux, 1, 2.
Marianne Moore, 1.
Pablo Neruda, 1.
Sharon Olds, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4, 5.
Dylan Thomas, 1.
Richard Wilbur, 1, 2, 3, 4.

Love Calls Us To The Things Of This World: A Poetic Interlude …

The eyes open to a cry of pulleys,
And spirited from sleep, the astounded soul
Hangs for a moment bodiless and
simple
As false dawn.
Outside the open window
The morning air is all awash with
angels.

Some are in bed-sheets, some are
in blouses,
Some are in smocks: but truly there
they are.
Now they are rising together in calm
swells
Of halcyon feeling, filling whatever they
wear
With the deep joy of their impersonal
breathing;

Now they are flying in place,
conveying
The terrible speed of their
omnipresence, moving
And staying like white water; and now
of a sudden
They swoon down in so rapt a quiet
That nobody seems to be there.
The soul shrinks

From all that it is about to remember,
From the punctual rape of every
blessed day,
And cries,
“Oh, let there be nothing on
earth but laundry,
Nothing but rosy hands in the rising
steam
And clear dances done in the sight of
heaven.”

Yet, as the sun acknowledges
With a warm look the world’s hunks
and colors,
The soul descends once more in bitter
love
To accept the waking body, saying now
In a changed voice as the man yawns
and rises,

“Bring them down from their ruddy
gallows;
Let there be clean linen for the backs
of thieves;
Let lovers go fresh and sweet to be
undone,
And the heaviest nuns walk
in a pure
floating
Of dark habits,
keeping their difficult
balance.”

— Richard Wilbur.

Ludes, past:

Billy Collins, 1.
Ounsi El Hage, 1.
Henri Michaux, 1, 2.
Marianne Moore, 1.
Pablo Neruda, 1.
Sharon Olds, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4, 5.
Dylan Thomas, 1.
Richard Wilbur, 1, 2, 3.

Jawad Nasrallah

Hizbullah SG Hassan Nasrallah’s son has just edited his first poetry book. Can somebody go to the signing, get the book, and post some passages?

A poetic interlude with Theodore Roethke

All things rolling away from me,
All shapes, all stones,
My face falling from itself,
Sunken, like cratered snow,
My voice, lost, a lark
Grating like a jay.
As for you, assassin of air,
Noise in the topmost tree,
Articulated despair,
The inhuman ecstasy:
My lament to the last; unloved…

~

I, in exile, forever
For that which I would acquire no longer is, never existed.

~

I belong to my solitude.
I shall die for myself.

Roethke, somewhere between 1959 and 1963

Ludes, past:

Sharon Olds, 1.
Billy Collins, 1.
Ounsi El Hage, 1.
Henri Michaux, 1, 2.
Marianne Moore, 1.
Pablo Neruda, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4.
Dylan Thomas, 1.
Richard Wilbur, 1, 2, 3.

A Connoisseuse of Slugs: A Poetic Interlude …

When I was a connoisseuse of slugs
I would part the ivy leaves, and look for the
naked jelly of those gold bodies,
translucent strangers glistening along the
stones, slowly, their gelatinous bodies
at my mercy. Made mostly of water, they would shrivel
to nothing if they were sprinkled with salt,
but I was not interested in that. What I liked
was to draw aside the ivy, breathe the
odor of the wall, and stand there in silence
until the slug forgot I was there
and sent it antennae up out of its
head, the glimmering umber horns
rising like telesopes, until finally the
sensitive knobs would pop out the ends,
delicate and intimate. Years later,
when I first saw a naked man,
I gasped with pleasure to see that quiet

mystery reenacted, the slow
elegant being coming out of hiding and
gleaming in the dark air, eager and so
trusting you could weep.

— Sharon Olds

Ludes, past:

Billy Collins, 1.
Ounsi El Hage, 1.
Henri Michaux, 1, 2.
Marianne Moore, 1.
Pablo Neruda, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4.
Dylan Thomas, 1.
Richard Wilbur, 1, 2, 3.

Sonnet XI: A Poetic Interlude …

I crave your mouth, your voice, your hair.
Silent and starving, I prowl through the streets.
Bread does not nourish me, dawn disrupts me, all day
I hunt for the liquid measure of your steps.

I hunger for your sleek laugh,
your hands the color of a savage harvest,
hunger for the pale stones of your fingernails,
I want to eat your skin like a whole almond.

I want to eat the sunbeam flaring in your lovely body,
the sovereign nose of your arrogant face,
I want to eat the fleeting shade of your lashes,

and I pace around hungry, sniffing the twilight,
hunting for you, for your hot heart,
like a puma in the barrens of Quitratue.

— Pablo Neruda

Ludes, past:

Billy Collins, 1.
Ounsi El Hage, 1.
Henri Michaux, 1, 2.
Marianne Moore, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4.
Dylan Thomas, 1.
Richard Wilbur, 1, 2, 3.

Un interlude Poétique: Ma vie

Tu t’en vas sans moi, ma vie.
Tu roules.
Et moi j’attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t’ai jamais suivie.
Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes.
A cause de ce manque, j’aspire à tant.
A tant de choses, à presque l’infini…
A cause de ce peu qui manque, que jamais tu n’apportes.

— Henri Michaux, La nuit remue, 1935


Autres interludes:

Henri Michaux, 1.
Ounsi El Hage, 1.
Billy Collins, 1.

Marianne Moore, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4.
Dylan Thomas, 1.
Richard Wilbur, 1, 2, 3.

A Poetic Interlude: Pensées

Penser, vivre, mer peu distincte;
Moi – ça – tremble,
Infini incessamment qui tressaille.

Ombre de mondes infimes,
ombres d’ombres,
cendres d’ailes.

Pensées à la nage merveilleuse,
qui glissez en nous, entre nous, loin de nous,
loin de nous éclairer, loin de rien pénétrer;

étrangères en nos maisons,
toujours à colporter,
poussières pour nous distraire et nous éparpiller la vie.

— Henri Michaux, Lointain intérieur, 1963

Autres interludes:

Ounsi El Hage, 1.
Billy Collins, 1.

Marianne Moore, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4.
Dylan Thomas, 1.
Richard Wilbur, 1, 2, 3.

فصل شعري: الصمت العابر كالفضيحة

ما العمل بالصمت؟
أيّ حقيقة يكتشف الإصغاء في الصمت؟
أنواع من الصمت… لكن أتكلّم عمّا يرفض باستمرار أن يحميكِ!
الصمتُ العابر جَسَدَكِ كالفضيحة.
لا تُحاولي أنْ تنظري إليَّ. لن أستنجد ضدّ ما أجهل. ضدّ ما أسمع!
مَنْ منّا يجرؤ أنْ يجتاز هذا الفرق، و نصفُنا في العتمة؟
أتكَّلم عن الصمت الذي قد يَحدث…
عندئذ تتهامس المرأة والخنجر قراراتِ اللحظة، والأسباب تهرب…
عن الصمت الذي يُهدّد بالرسوّ. الفاجر وحده في البئر.
ما العمل بالصمت؟

ترى لو سكتنا قليلاً…

أنسي الحاج، الرأس المقطوع، 1963

Billy Collins, 1.
Marianne Moore, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4.
Dylan Thomas, 1.
Richard Wilbur, 1, 2, 3.

My Craft or Sullen Art: A Poetic Interlude …

In my craft or sullen art
Exercised in the still night
When only the moon rages
And the lovers lie abed
With all their griefs in their arms,
I labor by singing light
Not for ambition or bread
Or the strut and trade of charms
On the ivory stages
But for the common wages
Of their most secret heart.

Not for the proud man apart
From the raging moon I write
On these spindrift pages
Nor for the towering dead
With their nightingales and psalms
But for the lovers, their arms
Round the griefs of the ages,
Who pay no praise or wages
Nor heed my craft or art.

— Dylan Tohmas.

Ludes, past:

Billy Collins, 1.
Marianne Moore, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3, 4.
Richard Wilbur, 1, 2, 3.

A Journey into the Interior: A Poetic Interlude …

In the long journey out of the self,
There are many detours, washed-out interrupted raw places
Where the shale slides dangerously
And the back wheels hang almost over the edge
At the sudden veering, the moment of turning.
Better to hug close, wary of rubble and falling stones.
The arroyo cracking the road, the wind-bitten buttes, the canyons,
Creeks swollen in midsummer from the flash-flood roaring into the narrow valley.
Reeds beaten flat by wind and rain,
Grey from the long winter, burnt at the base in late summer.
— Or the path narrowing,
Winding upward toward the stream with its sharp stones,
The upland of alder and birchtrees,
Through the swamp alive with quicksand,
The way blocked at last by a fallen fir-tree,
The thickets darkening,
The ravines ugly.

— Theodore Roethke.


Ludes, past:

Billy Collins, 1.
Marianne Moore, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3.
Richard Wilbur, 1, 2, 3.

Opposites: A Poetic Interlude (for you and yours) …

What is the opposite of two?
A lonely me, a lonely you.

— Richard Wilbur.

Avant

Moi mes anneaux, ma blessure
Ma pieuvre endiablée
Qui, sur mon gris
Est agrippé en face à face
Et je troc la perte de mes sens
La raison

In a Churchyard: A Poetic Interlude …

That flower unseen, that gem of purest ray,
Bright thoughts uncut by men:
Strange that you need but speak them, Thomas Gray,
And the mind skips and dives beyond its ken,

Finding at once the wild supposed bloom,
Or in the imagined cave
Some pulse of crystal staving off the gloom
As covertly as phosphorus in a grave.

Void notions proper to a buried head!
Beneath these tombstones here
Unseenness fills the sockets of the dead,
Whatever to their souls may now appear;

And who but those unfathomably deaf
Who quiet all this ground
Could catch, within the ear’s diminished clef,
A music innocent of time and sound?

What do the living hear, then, when the bell
Hangs plumb within the tower
Of the still church, and still their thoughts compel
Pure tollings that intend no mortal hour?

As when a ferry for the shore of death
Glides looming toward the dock,
Her engines cut, her spirits bating breath
As the ranked pilings narrow toward the shock,

So memory and expectation set
Some pulseless clangor free
Of circumstance, and charm us to forget
This twilight crumbling in the churchyard tree,

Those swifts or swallows which do not pertain,
Scuffed voices in the drive,
That light flicked on behind the vestry pane,
Till, unperplexed from all that is alive,

It shadows all our thought, balked imminence
Of uncommitted sound,
And still would tower at the sill of sense
Were not, as now, its honeyed abeyance crowned

With a mauled boom of summons far more strange
Than any stroke unheard,
Which breaks again with unimagined range
Through all reverberations of the word,

Pooling the mystery of things that are,
The buzz of prayer said,
The scent of grass, the earliest-blooming star,
These unseen gravestones, and the darker dead.

— Richard Wilbur.

Ludes, past:

Billy Collins, 1.
Marianne Moore, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3.
Richard Wilbur, 1.

Bar Time: A Poetic Interlude …

In keeping with universal saloon practice,
the clock here is set fifteen minutes ahead
of all the clocks in the outside world.
This makes us a rather advanced group,
doing our drinking in the unknown future,
immune from the cares of the present,
safely harbored a quarter of an hour
beyond the woes of the contemporary scene.
No wonder such thoughtless pleasure derives
from tending the small fire of a cigarette,
from observing this glass of whiskey and ice,
the cold rust I am sipping,
or from having an eye on the street outside
when Ordinary Time slouches past in a topcoat,
rain running off the brim of his hat,
the late edition like a flag in his pocket.

— Billy Collins.

Ludes, past:

Marianne Moore, 1.
Theodore Roethke, 1, 2, 3.
Richard Wilbur, 1.